Arpago Troucoquet

Le festival des Moissines touchait à sa fin. La pluie incessante avait détrempé champs et chemins et, en cette fin d'après midi, le ciel se confondait avec les collines de la Comté en un gris uniforme.
Dans son smial de Valumide, bercée par le ruissellement de l'eau et le sifflement du vent, Hedda somnolait.

Deux coups secs retentirent à la porte.

Hedda sursauta. Il était tard et elle n'attendait personne.
Elle s'approcha de la commode, décrocha un couteau de cuisine, puis se dirigea vers la porte d'entrée.
A peine eut-elle entrouvert la porte qu'elle sentit le vent s'engouffrer dans la maison. Il n'y avait personne sur le seuil et le brouillard empêchait de voir plus loin que le mur du jardin.
Frissonant, elle haussa les épaules, puis referma bien vite la porte. Même si le temps ne s'y prêtait pas, il n'était pas rare que les enfants du village fassent ce type de farce. Il y a peu, elle avait même retrouvé Brindfer, ivre de Noir Bosquet, en train de retailler la sculpture de castor devant la maison.

Se retournant vers le salon, elle tomba en arrêt. De petites traces de boue maculaient le sol. Des empreintes de pieds d'enfant qui partaient de la porte d'entrée et allaient jusqu'à la cuisine.
Assis au milieu de la pièce, un minuscule hobbit dévorait à belles dents tout ce qui lui passait sous la main. Il était crasseux et ses vêtements déchirés étaient couverts de boue.
Voyant Hedda s'approcher avec son couteau de cuisine, il sembla hésiter un instant. Il sortit une lettre toute froissée de son manteau puis lui tendit sans un mot. Ceci fait, il se remit à manger de plus belle.

Hedda décacheta le pli :

Soeurette,

J'aurais aimé te dire tout cela de vive voix, mais de graves évènements me retiennent en Enedwaith. Des évènements d'une telle nature, que la Comté elle-même pourrait bien en être affectée.
J'ai chargé un rodeur de la compagnie grise de ramener mon fils à Grand Cave. Sa mère est morte en couche et je ne peux m'occuper de son éducation dans les circonstances actuelles. L'Enedwaith est de toute façon une terre bien trop brutale pour élever un enfant.
Prend soin de lui comme s'il était ton fils. Il se nomme Arpago et c'est un garçon difficile. Il a pris l'habitude de chaparder et de disparaitre lorsqu'on veut le sermonner. Fais en sorte qu'il retrouve le droit chemin et ne finisse pas comme Fredoulac ou Carrigan. Il a quelques talents pour la lecture et semble fasciné par les écrits anciens. Peut-être faudrait-il favoriser ce penchant.
Si tu ne t’en sors pas, demande conseil à Freulon. Si j’en juge par la douceur de mon enfance, c’est un bon précepteur.
Dans l'espoir de te revoir bien vite, je te couvre de bisous.

Pendrago Troucoquet


Elle regarda l'enfant. Son visage était barbouillé de confiture de myrtille et il souriait de toutes ses dents. Hedda soupira.

Et bien et bien en voilà un récit des plus intrigants! Mais de toute manière Arpago est le bienvenue parmis les compagnons ça fait plaisir

freulon Petitbon de la Comté